DISCOURS DE LA CEREMONIE DE VOEUX DE LA CIRCONSCRIPTION
- Par saint-andre-stephane
- Le 26/01/2016
« Comme vous venez de l’entendre j’ai choisi cette chanson de Michel DELPECH pour débuter cette cérémonie. En hommage à l’artiste, en hommage aux victimes des attentats mais aussi pour affirmer que quelque chose a changé dans notre pays.
Marianne est terriblement d’actualité.
Marianne vous l’avez compris c’est la République.
Cette chanson nous dit qu’elle a eu cinq enfants et qu’elle ne reconnait plus le dernier.
Le dernier c’est évidemment notre cinquième République. A une époque où grogne la révolte il est peut-être temps d’opposer la force du symbole en passant à la 6ème République. Le Président de l’Assemblée suite au rapport Winock, a fait un certain nombre de propositions concrètes sur la rénovation de nos institutions.
J’ai déposé une proposition de loi pour comptabiliser le vote blanc dans les suffrages exprimés. Je vais déposer dans les prochaines semaines une autre proposition de loi sur la limitation à trois mandats successifs et une autre sur la l’obligation de voter.
Mais je voudrais avant de vous livrer mes réflexions présenter à chacune et chacun d’entre vous mes vœux de santé, de bonheur et d’épanouissement personnel pour vous-mêmes et ceux qui vous sont chers.
Voilà que nous avons quitté 2015 pour aborder 2016.
J'ai envie de dire : ouf !
Pourtant il ne suffit pas de changer d'éphéméride; pour changer d'avenir.
Il ne suffit pas de le vouloir pour oublier l'inoubliable ;
Il ne suffit pas de tourner la page du cœur pour tourner la page des faits.
Et si on ne veut, légitimement, ne pas revivre les heures sombres de 2015, pour autant faut-il oublier les ferments de la haine et de l'exclusion ?
Car enfin, si on veut trouver un dénominateur commun entre une bonne partie de ce qui a marqué notre vie et notre mémoire en cette année passée, il s'agit bien de la haine de l'autre et de l'exclusion, de tout ce qui n'est pas à l'image de soi .
Qu'il s'agisse de la montée et de l'intrusion, dans nos vies, du terrorisme ;
Qu'il s'agisse de l'arrivée massive et, dans des circonstances innommables, de tous ces êtres humains qu'on appelle : migrants.
Qu'il s'agisse, enfin, du phénomène exponentiel « Front National », observé lors des dernières élections et du racisme de plus en plus « décomplexé » qui va avec.
Dans toutes ces manifestations du rejet de l'autre, j'y vois une grande soupe d'exclusion parfumée à la haine.
Je crois aux vertus de l'histoire et du devoir de mémoire pour ne pas revivre et commettre à nouveau les erreurs du passé.
Je crois de la même façon, qu'une rétrospective éclairée des événements mortifères de l'année écoulée, doit nous amener à être de plus en plus vigilants, face à la propension que nous pourrions avoir, de rejeter ce qui ne nous ressemble pas.
Alors à cette haine, à cette exclusion, nous devons opposer de plus en plus d'aptitude à la vie et au bonheur.
Nous devons, plus que jamais, faire le plein de vie face aux forces de destruction qui voudraient s'imposer.
Nous devons plus que jamais « travailler le bonheur » et le porter aux pinacles.
Et nous devons, pour se faire, vivre de plus en plus « au pluriel », abandonner l'individualisme, qui ne mène nulle part, pour faire de plus en plus de place au collectif.
L'ampleur de la crise migratoire nous prouve aujourd'hui que nous ne pouvons vivre heureux, si celui d'à côté ne l'est pas, que nous devons partager la richesse, la terre et l'espoir sous peine de perdre ce que nous avons de plus cher, notre humanité.
A ce niveau, alors qu'on voudrait nous faire croire que l'univers politique est le règne de prédilection du « tous pourris » moi je pense que la politique, la vie de la cité au sens étymologique, n'a jamais connu autant ses lettres de noblesse.
Citoyens, associations, hommes politiques, institutions, devons ensemble rivaliser d'ingéniosité pour trouver les meilleurs outils du vivre ensemble de demain.
C'est la condition, sine qua non, du mieux vivre.
Il est parfaitement illusoire de penser que l'individu, isolé, peut affronter les défis de demain, qu'ils soient économiques, sociaux ou écologiques.
J'en profite d'ailleurs pour saluer l’aventure historique collective que nous venons de vivre avec la cop 21.
Eh oui, 2015 n'aura pas été que mauvais souvenirs.
Il faut lutter contre la dictature médiatique qui nous assène à longueur de journée que tout va mal qui profère contrevérités ou approximations.
Comment voulez-vous être optimiste quant à longueur de temps, à longueur d'analyses les journalistes économiques nous dressent un tableau noir.
Rien ne trouve grâce à leurs yeux. Ils réclament des mesures mais à condition qu’elles ne coutent rien.
Comme l’information va très vite, comme une information chasse l'autre aussi vite qu'elle est arrivée,
comme cette rapidité oblige à être succinct, oblige à raccourcir, la totalité de l’information n'est plus jamais donnée.
Comment s'exprimer en quelques mots sur des sujets importants que ce soit en répondant à une question ou en faisant un commentaire sur Twitter, forcément réducteur ?
Alors je pense qu'il faut que la parole politique redevienne rare. Il faut que les politiques qui portent collectivement une responsabilité dans la situation dans laquelle nous sommes redeviennent adeptes d'une parole plus rare, adeptes de la pédagogie, et ne se laissent pas entraîner dans le tourbillon médiatique.
Les donneurs de leçons sont partout, ils savent tout et vous assènent leur vérité sur un ton péremptoire.
Certains médias insinuent l’idée que l'État est impuissant et que les hommes politiques sont des dilettantes qui ne tiennent pas leurs promesses.
Dans le document distribué actuellement dans les boîtes aux lettres de la circonscription je retrace trois années d'action à l'Assemblée nationale.
Depuis mon élection je m’efforce avec la plus grande rigueur d’accomplir la mission qui m'a été confiée par les électeurs.
J'appartiens un groupe qui est certes soutien de la majorité mais qui vote au cas par cas les textes qui lui sont soumis.
Nous nous sommes opposés très clairement à certains projets de loi du gouvernement et à certaines mesures, nous avons fait des propositions alternatives, je pense à une proposition très récente qui concerne le débat sur la déchéance de nationalité. Nous avons préféré faire une proposition qui nous paraît plus raisonnable sur la dégradation civique.
Nous avons voté certains textes mais seulement après avoir déposé les amendements qui permettaient de les améliorer.
Je ne conçois pas mon mandat de député comme celui d'un béni-oui-oui. Le vote de la loi est une chose particulièrement sérieuse surtout en ces périodes difficiles de crise mondiale.
À mon grand désespoir j'entends souvent dire que le gouvernement et l'Assemblée nationale ne travaillent ou ne tiennent pas leurs promesses.
Ce n'est évidemment pas le sentiment que j'en ai puisque notre agenda est particulièrement chargé puisque depuis le début du mandat j'ai personnellement voté 165 lois et cosigné 28 propositions de loi.
J'ai voté la lutte contre le gaspillage alimentaire, la protection maladie universelle, la transition énergétique, la réforme territoriale, la réforme des collèges, la création du compte pénibilité et puis au travers du vote des budgets je m'honore que l'on ait pu baisser, voire annuler les impôts pour 9 millions de foyers. En matière de fiscalité il faut ajouter la volonté des élus de mon groupe d'aller vers l'impôt unique et progressif avec retenue à la source. Le système fiscal doit être simplifié et doit prendre plus sur les revenus du capital qui échappent à l'impôt.
Nous avons créé 5300 postes de policiers et gendarmes depuis 2012, 3000 emplois dans la justice, 35 200 postes de professeur créés entre 2012 et aujourd'hui et cela va se poursuivre pour atteindre l'objectif des 60 000 créations d'emplois dans l'éducation nationale qui en a bien besoin, le vote du budget a aussi permis d'augmenter de 25 % l’allocation de rentrée scolaire et puis nous avons voté également le CICE qui allège les charges des entreprises.
Mon groupe a exigé que se mette en place rapidement l'observatoire des contreparties qui permet de contrôler l'utilisation de l'argent versé par l'État aux entreprises car bien évidemment il faudra suspendre ces versements si les rendez-vous notamment en termes d'emplois ne sont pas là.
Nous devons toujours avoir à l'esprit qu'il nous faut dans chacune de nos actions replacer l'homme au centre de notre action. Lorsque l'on voit que les écarts se creusent encore dans le monde, que les 62 personnes les plus riches du monde ont autant d'argent que les 3,5 milliards d'humains les plus pauvres on se dit que quelque chose ne tourne pas rond et qu'il faut impérativement agir pour briser la course effrénée des profits.
C'est la raison pour laquelle lorsque l'on verse aux entreprises 24 milliards d'euros en 2015 après les 10 milliards versés en 2014 plus les 9 milliards d'euros qui doivent s'y ajouter pour 2016, il est important de vérifier que cela serve bien l'emploi et non à l'enrichissement personnel de quelques actionnaires.
Concernant le CICE en 2015 ce sont plus de 13 000 entreprises du Pas-de-Calais qui ont bénéficié du crédit d'impôt en faveur de la compétitivité et de l'emploi. Presque 100 millions d'euros ont été injectés pour permettre à nos entreprises d'investir et d'embaucher.
J'ai bien conscience que les efforts demandés aux Français sont parfois douloureux et que le temps est venu de redistribuer tout en gardant le cap.
Nous avons hérité d'une situation catastrophique mais nous avons évité la cure d'austérité à l'instar de certains de nos voisins européens.
La France est un grand pays respecté et écouté qui dispose de tous les atouts de la réussite. Et il est important de le dire et de le répéter car nous sommes dans une société où les informations transmises sont souvent partiels et sont souvent mauvaises. Si vous ajoutez à cela que notre pays est le champion de l'autoflagellation et de la grogne permanente vous obtenez des Français moroses qui n'ont pas envie de consommer et des entreprises inquiètes qui n'ont pas envie d'investir.
Alors de temps en temps il faut positiver et dire les choses car la politique mise en place depuis 2012 commence à porter ses fruits.
J'en veux pour preuve : que d'abord le regain de compétitivité est de nouveau au rendez-vous.
Pourquoi ? Parce que le coût du travail a baissé en France et retrouve notamment dans l'industrie un niveau inférieur au coût du travail en Allemagne, ensuite parce que le taux de marge des entreprises a retrouvé un niveau proche d'avant crise, l’autofinancement des entreprises notamment a augmenté de 10 % ces 12 derniers mois.
L’investissement a redémarré et tire de nouveau la croissance plus 2 % d'investissement en 2015 et les prévisions tablent sur un retour en 2016 à niveau inégalée depuis 2008.
Deuxièmement il y a un regain de croissance et de création de richesse. La croissance est de retour à niveau certes modeste mais inédit depuis 2011 vraisemblablement autour de 1,1 % en 2015 après les 0,2 % de 2012.
Les créations d'emplois sont de retour : 38 000 emplois ont été créés dans le seul secteur marchand sur les 12 derniers mois. Pas de triomphalisme puisque ces créations sont encore insuffisantes pour absorber la croissance de la population active mais lorsque l'on voit que le chômage des jeunes a baissé de 25 000 en un an on peut malgré tout avoir de l'espoir pour l'année qui vient.
La bataille de l'emploi c'est aussi 34 plans de bataille pour doper l'industrie avec trois priorités : la transition énergétique, la santé et les nouvelles technologies. Les investissements d'avenir c'est déjà presque 4 milliards d'euros et les spécialistes tablent sur 480 000 emplois préservés ou créés et 45 milliards d'euros de valeur ajoutée en 10 ans.
Et dans notre pays à l'inverse de ce qui se passe dans le monde et notamment chez nos voisins européens, je pense à l'Allemagne, les inégalités ont baissé comme jamais depuis 20 ans la dernière baisse constatée en 2013 a été d'une ampleur inobservée depuis 1996 et elle a effacé en une seule année le montant constaté depuis 2008.
Et puis il y a le recul des déficits.
Le déficit du budget de l'État a été ramené à son plus bas niveau depuis 2008, 15 milliards d'euros de moins qu'en 2014, les prévisions quant au déficit public pour 2015 laissent espérer une réduction à niveau sans précédent depuis le début de la crise.
Mais c'est aussi le déficit du budget de la sécurité sociale qui a été réduit de 30 % en 2015 et en 2016 les comptes sociaux retrouverons le niveau d'avant 2008 avec une division par deux du déficit entre 2011 et 2016.
Le seul régime général est ramené à un niveau jamais constaté depuis 2002 le régime de retraite se retrouve en légère excédent pour la première fois depuis 2004.
Puisqu'il y a beaucoup de maires ruraux présents ce soir je voudrais aussi rappeler qu’en 2015 la dotation d'équipement des territoires ruraux a augmenté de 34 % nous permettant de réaliser des investissements structurants.
Ceux qui passent leur temps à critiquer leur pays nuisent à leur pays.
Dans la circonscription je suis de prés des dossiers comme celui de Bridgestone, de Roquette, du CH de Beuvry, de la prison et je vais dans les semaines qui viennent poser une question orale à la Ministre de la santé pour la situation de l’Etablissement de Santé Mentale de Saint-Venant. J’agis pour aider les communes et les entreprises qui font appel à moi.
Quelques mots enfin sur la ville centre car Béthune est celle qui en principe devrait tirer toute l'agglomération par le haut.
Je vous parlais tout à l’heure des donneurs de leçons qui passent leur temps à inonder les médias de Y a qu’à, faut qu’on, je n’aurais pas fait comme ça. J'en connais ici à côté de chez nous à Béthune qui ont fait leurs campagnes électorales en disant Y a qu’à, faut qu’on.
Résultat : plus rien ne va à Béthune, une ville qui s'isole, une ville qui s'endette de nouveau, une ville qui disparaît des écrans radar de la région, une ville qui loupe la construction de l'intercommunalité de demain, une ville qui laisse passer une chance historique de prendre toute sa place dans la reconstruction régionale, une ville qui loupe une chance historique de profiter pleinement du bus à haut niveau de service qui finalement y passera mais sur une petite partie, une ville qui loupe une chance historique de voir augmenter sa population en abandonnant tous les projets de logements que nous avions engagé (rue de Lille ou sur l'éco quartier Testut), une ville qui loupe une chance historique en supprimant sur le projet de la gare tout ce qui concernait le tertiaire.
Vous l’aurez compris je suis triste pour Béthune et je suis inquiet de l’irresponsabilité du maire et de son premier adjoint.
Je vais conclure en vous disant qu’en tant que député de la République, je mesure l'ampleur de la tâche, mais je sais, plus que jamais, que rien ne sera possible sans une approche collective de l'avenir dans laquelle la citoyenneté doit prendre toute sa place.
Quoi de plus enthousiasmant.
J'ai ressenti une infinie fierté, quand les parlementaires ont été réunis en congrès à Versailles.
Fier d'être français, fier d'être votre humble serviteur par le biais de la représentation.
Fier et aussi investi d'une si lourde mission, celle de vous assurer sécurité au lendemain d'attentats sanglants.
Si les politiques doivent accomplir leur mission différemment, et je prends la pleine mesure de mes propos, les citoyens doivent aussi, apporter leur pierre à l'édifice du vivre ensemble, rejeter les dérives individualistes ou corporatives, qui pourraient nuire à la collectivité.
Le défi du terrorisme appelle une réponse internationale.
Le défi de la crise migratoire appelle une réponse internationale.
Et on voudrait minimiser le rôle des politiques ?
C'est tous ensemble qu'il nous faut œuvrer pour apporter des solutions aux drames que nous vivons.
J'entends, parfois dire qu'il y a trop d'Europe, mais je suis persuadé, au contraire qu'il n'y a pas assez d'Europe, même s'il faut la concevoir autrement.
Il me semble essentiel de promouvoir l'engagement, à tous niveaux.
Et l'engagement, c'est une aventure éminemment collective, quel que soit l'objet de cet engagement et quelque en soit la forme, il y en a d'ailleurs certainement à réinventer.
Je voudrais souligner aussi, qu'hélas, bon nombre d'évènements vécus cette année, nous laisse une abominable odeur de mort.
Que dire des 3735 personnes mortes noyées en 2015, qui s'ajoutent aux quelques 3500 de 2014 symbolisées par l'horrible photo du petit Aylan qui a tellement heurté nos consciences ?
Que dire de tant de destins brisés par les balles des terroristes en France et ailleurs ?
Alors moi, outre l'horreur que m'inspirent tous ces morts, je voudrais plus que tout que 2016 soit l'année des vivants.
Si nous ne savons pas donner de l'amour à l'autre, au lieu de le rejeter parce qu'il est différent de nous, alors forts de notre arsenal juridique des plus répressifs, nous allons encore et encore fabriquer du terrorisme.
Je pense à tous ces jeunes migrants qui arrivent en Europe, ne les rejetons pas, ne tarissons pas en eux le socle d'humanité qui fera d'eux de bons citoyens.
Et quand j'emploie la 1ere personne du pluriel, c'est à bon escient, parce que je suis persuadé que c'est un combat collectif, politique et citoyen à la fois.
Voilà toutes les choses que je voulais très sincèrement vous dire à l'aube de cette année nouvelle.
Vous dire aussi, en empruntant les mots de Braque que « l'espoir est né de la crainte du lendemain ».
Vous dire enfin que chaque minute doit être une vie et que je compte sur vous pour les remplir du goût des autres, parce que c'est la seule façon de construire un monde meilleur.