MA REACTION SUITE AUX REGIONALES

ELECTIONS REGIONALES

REACTION DE STEPHANE SAINT-ANDRE, DEPUTE DU PAS-DE-CALAIS

 

Chacun va y aller de son explication sur la montée du FN. En réalité il n’y a pas une mais des explications, Il n’y pas une responsabilité mais des responsabilités.

 

La classe politique porte une partie de ces responsabilités et j’y prends ma part. Mais le vote FN est dû à la conjonction de nombreux facteurs qu’il convient d’analyser.

 

Cette élection était particulière à plus d’un titre, parce qu’elle a mis en évidence un phénomène inquiétant de la montée du FN dans un vote qui n’est plus véritablement un vote sanction mais un vote d’adhésion. Un vote qui n’est plus seulement la conséquence des problèmes économiques. Les démocrates doivent réagir. La tâche est immense mais la volonté est partagée.

 

Jean Jaurès disait dans son discours à la jeunesse : « Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques ».

 

La jeunesse n’a plus aucun repère. L’école doit redévelopper en urgence le sens critique de nos enfants qui doivent apprendre à analyser, à décrypter, à ne pas prendre pour vérité tout ce qu’ils entendent ou tout ce qu’ils lisent notamment sur internet.

 

Notre République et notre démocratie sont menacées. Certes en période de crise où le chômage et les difficultés de la vie provoquent colères, frustrations et perte de dignité, on peut expliquer la tentation de rejeter droite et gauche, de rejeter la classe politique mais dans une démocratie où le droit de vote existe il faut l’exercer. La France est riche de ses partis politiques, le choix est large. Les électeurs expriment cette souffrance en s’en prenant à des boucs émissaires. La crise alimente ce terreau dans lequel le FN puise son argumentation. La peur du lendemain, la propension des français à l’autoflagellation, la loi du marché, la déshumanisation amplifiée par la robotisation et le développement du numérique, ont nourri ce terreau. De tout cela découlent, le repli sur soi, le délitement des liens sociaux, la désaffection des partis politiques et des syndicats. On ne se parle plus, on ne dialogue plus, on est seul face à ses peurs.

 

Je l’avais déjà écrit au lendemain des élections départementales : l’urgence est aujourd’hui le rétablissement du lien et du dialogue. L’urgence est aujourd’hui la qualité de l’éducation et de l’information. L’urgence est aujourd’hui de redonner leur sens critique aux enfants. L’urgence est aujourd’hui de poursuivre les politiques qui permettent de lutter contre le chômage. L’urgence est d’aller plus loin dans les réformes démocratiques. L’urgence est de rétablir le maillage territorial et les lieux de socialisation.

 

Il faut sans attendre reconnaître le vote blanc dans les suffrages exprimés, rendre le vote obligatoire, remailler les services publics dans les quartiers et dans les territoires ruraux, soutenir le monde associatif, valoriser la laïcité, enseigner sur les dérives et les dangers d’internet dès l’école primaire, limiter les mandats dans le temps, construire une Europe politique, revoir le fonctionnement de la haute administration et ouvrir son accès, apprendre la culture du compromis et surtout toujours tenir le langage de la vérité.

 

C’est la responsabilité des élus de redonner l’espoir d’une vie meilleure pour écarter le danger de l’extrême droite qui a réussi il y a presque 80 ans à prendre le pouvoir en Allemagne nourrie comme aujourd’hui par la crise de 1929. C’est aussi la responsabilité de chacun d’entre nous.

 

Je suis amer malgré ma satisfaction de constater que la gauche reste devant la droite à Béthune et dans la circonscription.

 

J’adresse mes remerciements aux électrices et aux électeurs de la circonscription qui ont voté pour Frédéric CUVILLIER et à Frédéric CUVILLIER lui-même pour sa belle campagne, son engagement et sa volonté d’aller au-devant de la population.

 

Voilà pour les remerciements mais ces résultats ont provoqué aussi ma colère car au-delà des explications profondes il convient d’en ajouter d’autres plus secondaires mais d’importance.

 

Colère contre ceux qui croyant être dans l’air du temps fustigent les élus. Ils ne servent que le FN et feraient mieux d’avancer des propositions

 

Colère contre ceux qui sont dans la critique systématique sans apporter de solutions concrètes, réalisables et non démagogiques.

 

Colère contre le Premier Adjoint de Béthune, obsédé par les élections législatives, qui entre les deux tours insulte les électeurs de gauche susceptibles pourtant de voter pour sa liste.

 

Colère contre certains médias qui ont diffusé et popularisé les idées du FN en ne jouant pas leur rôle de contradicteurs.

 

Colère contre l’ex Président de Région qui n’a pas fait campagne, qui n’a pas défendu son bilan et qui n’a lancé aucun appel à voter ni aucun message de soutien.

 

Colère contre ceux à Béthune, qui, jouant contre leur camp, n’ont de cesse de faire du populisme.

 

Colère contre Nicolas Sarkozy qui a abîmé la République, qui a refusé le retrait de ses listes et qui ailleurs a prôné le ni ni.

 

A ce sujet, que pense le maire de Béthune de cette déclaration de son président de parti (l’UDI) qui accuse directement la droite de Sarkozy d’être coupable de la montée du FN depuis 8 ans ? « Plus les Républicains courent derrière les thèses du FN, plus ils oublient la ligne Chirac, plus le FN monte depuis 8 ans ». Les électeurs préférant l’original à la copie se sont évidemment tournés vers le FN.

 

Enfin, déçu que l’union de la gauche dès le premier tour n’ait pu se réaliser.

 

Je félicite Xavier Bertrand qui vient d'être élu notamment grâce au report des voix de gauche. Je forme le souhait qu'il s'en souvienne et que les forces de gauche soient associées aux décisions importantes pour notre Région.

 

Quant à moi je poursuis la mission confiée par mes électeurs, pour plus de justice et plus de solidarité, pour sans cesse replacer l’humain au cœur de notre action, pour porter à Paris leurs inquiétudes et leurs revendications et pour poursuivre mon dialogue avec eux.

 

Stéphane SAINT-ANDRE